Le mécénat culturel est-il réservé aux grands groupes ?
Qu'est-ce le mécénat culturel et pourquoi a-t-il autant gagné en popularité auprès des entreprises françaises ?
_______________________________________________________________________________________________________________
Théo Hacot - 06/03/2023
Le recours au mécénat pour financer le travail des artistes et le rayonnement culturel ne date pas d’hier. Outil d’influence majeur pour les gouvernements depuis la Renaissance, il s’est fortement développé dans le secteur privé ces 20 dernières années. En 2020, 9% des entreprises françaises pratiquaient le mécénat, pour un total de 3,6 milliards d’euros de donations.
Le mécénat, c’est quoi ?
Le ministère de la culture définit le mécénat comme "le soutien matériel apporté, sans contrepartie directe de la part du bénéficiaire, à une oeuvre ou à une personne pour l'exercice d'activités présentant un intérêt général." Il se caractérise par le versement d’un don, numéraire, en nature ou sous forme de compétences, à un organisme pour soutenir une oeuvre d’intérêt général. Sont ainsi éligibles au mécénat les associations, l’État, les collectivités locales, les fondations, musées et monuments.
Il existe 3 types de mécénat :
-
Le mécénat financier, le plus courant, qui concentre 88% des donations
-
Le mécénat en nature, qui concerne le don de marchandises ou services
-
Le mécénat de compétences, qui consiste à fournir gracieusement un support humain à l’organisation, la gestion ou la production au sein de la structure bénéficiaire
La culture et le patrimoine concentrent la seconde part la plus importante du budget mécénat en France, mais il touche une variété d’autres domaines comme l’éducation, la santé ou l’environnement. Dans le secteur culturel, les principaux bénéficiaires du mécénat sont le spectacle vivant, la musique, le patrimoine matériel et les arts visuels.
D’où vient le mécénat culturel ?
Le mécénat apparaît pour la première fois à Rome sous le règne de l’empereur Auguste. Son ministre conseiller Caius Cilnius Maecenas, éduqué en Grèce, est un grand amateur d’Arts. Il prit sous sa protection des artistes tels que Horace et Virgile pour assurer la propagande politique de l’Empereur.
Mais c’est à la Renaissance que le mécénat connait son vrai âge d’or. Dans l’Italie du 16e siècle, sous l’égide de la noblesse pontificale et de grandes familles comme les Médicis, les commandes affluent auprès d’artistes, architectes et savants, dont Léonard de Vinci est une figure emblématique. Au cours du 20e siècle, la pratique du mécénat par les particuliers tend à disparaître progressivement au profit du mécénat des entreprises.
Cette nouvelle forme de mécénat privé s’inspire davantage de la culture Anglo-saxonne que de l’héritage européen, où il était principalement pratiqué par l’État et le clergé. Aux États-Unis particulièrement, le mécénat apparaît avec les nouvelles fortunes industrielles des Carnegie et Rockefeller, pour soutenir le développement et le rayonnement culturel de leur pays. Aujourd’hui, le mécénat privé représente 69% des dons cumulés en France.
Pourquoi le mécénat privé s’est-il autant démocratisé ces dernières années ?
La loi du 1 août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations, dite “Loi Aillagon” a largement contribué au développement du mécénat privé, en doublant les avantages fiscaux offerts aux entreprises mécènes. Elles peuvent désormais bénéficier d’une réduction d’impôt à hauteur de 60% du montant versé et de contreparties comme des places de spectacles ou un espace de visibilité sur les documents de promotion, dans la limite de 25% de la valeur totale du montant versé.
Ainsi, le montant des dons a été multiplié par 2,3 ces 10 dernières années et le nombre d’entreprises mécènes par 3,8. Pour l’ensemble des acteurs de la culture éligibles au mécénat, c’est l’opportunité de diversifier leurs sources de financement, pour améliorer leurs moyens de production et pérenniser leurs actions.
Pourquoi investir dans l’art et la culture ?
Outre les mesures fiscales prises par l’État pour motiver le mécénat privé, les entreprises peuvent investir dans l’art et la culture pour incarner leurs valeurs, donner de la visibilité à leur marque et de la crédibilité à leurs engagements. Les bénéfices de ce type d’actions sont aussi importants sur les actifs tangibles de l’entreprise que sur son image. Ils leur permettent de construire une culture d’entreprise plus vertueuse, de fidéliser leurs clients et collaborateurs et de renforcer leur ancrage territorial.
À partir de quand peut-on faire du mécénat ?
Quand on pense au mécénat culturel, on a souvent en tête les activités de grands groupes du luxe ou des banques, à l’image de l’impressionnante fondation Louis Vuitton. Il paraît inaccessible pour la grande majorité des entreprises, qui n’ont pas les moyens d’investir dans la philanthropie.
Loin de l’image qu’on s’en fait, le budget médian des donations annuelles est de 7500€. 48% des donateurs y consacrent moins de 5000€, tandis que 10% donnent plus d’un million d’euros. Les petites structures peuvent donc très bien consacrer une partie de leur budget au mécénat pour soutenir des actions qui leur tiennent à coeur. En effet, les TPE représentent 66,3% des entreprises mécènes, mais seulement 7% du montant total des donations. Les grands groupes quant à eux ne représentent que 0,2% des entreprises mécènes mais contribuent à hauteur de 47,4% du montant total des dons.
Autrement dit, il n’y a pas de montant minimal à investir pour soutenir un projet culturel avec votre entreprise, ni une seule manière de s’y prendre ! Si vous souhaitez entamer une démarche de mécénat culturel, on vous a concocté un petit guide pour mieux vous orienter. 👇
Comment se lancer dans le mécénat culturel ?
La loi Aillagon en France facilite le mécénat culturel des entreprises. Voici comment mettre en place une stratégie pour vous lancer dès aujourd'hui.
Inscrivez-vous pour recevoir le Artyzine directement dans votre boite mail et ne rien manquer de nos prochains articles et actus !